Cessez-le-feu au Liban : s’adapter aux besoins qui vont émerger

Quelques jours après le début du cessez-le-feu au Liban, Daniele Regazzi, directeur pays pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, décrit la situation sur place et l’impact du cessez-le-feu sur les actions de l’ONG. 

Quelles ont été les réactions des Libanais à l’annonce du cessez-le-feu ? 

Après deux mois de bombardements continus, cette annonce a soulevé beaucoup d’espoir dans le pays. Celui de revenir à une forme de normalité, au moins du point de vue de la sécurité personnelle. Les Libanaises et Libanais qui étaient déplacés, souvent dans des conditions difficiles, des abris collectifs, des écoles, ont immédiatement essayé soit de rentrer, soit d’aller voir leur famille ou d’évaluer les dégâts sur leur maison.  

Tout le monde est plein d’espoir, les équipes libanaises de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL également. Il y a pourtant toujours beaucoup d’incidents et des violations du cessez-le-feu, surtout près de la frontière sud. Israël ne veut pas que les Libanais reviennent dans cette zone. La situation reste donc préoccupante. C’est pourquoi nous sommes tous soulagés mais nous restons très prudents.  

Qu’est-ce que cela va changer à nos actions humanitaires au Liban ? 

Jusqu’ici, on répondait aux besoins des personnes déplacées dans et en dehors des abris d’urgence avec des distributions d’eau, de nourriture et de kits d’hygiène. Pendant le conflit, on était déjà sortis de nos zones d’action historiques pour aller dans des endroits très compliqués d’accès et qui présentaient des besoins aigus. On a par exemple ouvert une base au nord de Baalbek, une ville de la Bekaa qui a été très intensément bombardée et on a élargi notre espace d’intervention au sud. 

Pour la suite, on envisage différents scénarios qui vont du meilleur au pire, donc de la possibilité pour les Libanais de rentrer chez eux jusqu’à la potentialité que les bombardements reprennent.  

On va continuer de répondre à l’urgence pour les personnes déplacées et celles qui n’auront pas les moyens de rentrer chez elles. Et nous allons évaluer les besoins qui vont émerger dans cette nouvelle situation. Par exemple, comme l’hiver arrive, les températures sont déjà très froides. Il a neigé dans certains endroits, donc on envisage de distribuer des vêtements chauds et des couvertures. Nous évaluons également notre capacité à aider rapidement les personnes à réparer leurs maisons.  

La semaine prochaine, à Baalbek, nous allons distribuer de la nourriture et des kits d’hygiène aux personnes qui n’avaient pas pu quitter la ville pendant les bombardements. Ce sont des gens très vulnérables, trop âgés, trop malades et trop pauvres pour avoir pu se réfugier ailleurs. On en profitera pour évaluer les besoins dans la ville.  

Quelle que soit l’évolution de la situation, on adaptera notre réponse aux besoins des personnes. 

Photo d’en-tête : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL