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Burkina Faso : la ville de Djibo sous blocus

Publié le vendredi 15 avril 2022

Le Burkina Faso connaît l’une des crises de déplacement de population les plus massives et les plus rapides de ces dernières années. Ces déplacements sont consécutifs au conflit qui oppose les groupes armés non étatiques (GANE) et les forces gouvernementales. On compte aujourd’hui plus d’1,7 million de personnes déplacées pour un pays de 20 millions d’habitants.

La ville de Djibo, chef-lieu de la Province du Soum – Région du Sahel, a ainsi vu sa population passer de 30 000 habitants en 2019 à plus de 200 000 habitants aujourd’hui suite aux vagues de déplacements successives dans la région. Pour les seuls mois de décembre 2021 et janvier 2022, la ville a vu arriver plus de 50 000 nouvelles personnes. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL y a ouvert une base terrain dès décembre 2018 afin de répondre aux besoins urgents des populations déplacées et des familles hôtes.

Le réseau d’eau de la ville – qui venait d’être amélioré par notre ONG afin d’absorber la pression démographique sur la ressource en eau – a été attaqué et mis hors service de même que la majorité des points d’eau protégés de la ville.

Dans une ville confrontée à une situation d’extrême stress hydrique en temps normal du fait de l’assèchement de la nappe phréatique et de la faible couverture en infrastructures hydropiques, chaque goutte d’eau est précieuse. Les populations en sont actuellement réduites à puiser l’eau des mares, s’exposant à des risques de contraction de multiples maladies. Par ailleurs, sans eau, le bétail – principal moyen d’existence dans la zone – devient un fardeau et est, au mieux, bradé sur le marché ou meurt à petit feu.

  • 21,8 millions d'habitants
  • 184ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 600 785 personnes bénéficiaires

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a immédiatement adapté sa réponse et développé un programme de distribution de filtres à eau pour limiter la dégradation de la situation sanitaire. Nos équipes ont également entamé des négociations via les autorités traditionnelles pour pouvoir reprendre leur intervention sur les infrastructures détruites.

Comme la soif, la faim est également devenue une arme de guerre pour les parties au conflit dont les affrontements prennent en otage la population civile. Plus rien ne rentre ni ne sort de Djibo depuis deux mois. Le marché de Djibo, auparavant grand marché hebdomadaire de la province, ne se tient plus que partiellement et les prix des denrées encore disponibles ont atteint des niveaux sans précédent pour cette période de l’année. Un convoi de camions de commerçants a pu atteindre Djibo, le 25 mars, sous escorte ; deux soldats ont été tués sur la route. Un camion de 19 tonnes de nourriture du Programme alimentaire mondial (PAM) n’a, lui, jamais pu atteindre sa destination finale.

Dans ce domaine également, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a adapté sa stratégie et mis à l’échelle ses programmes de distribution de cash et de coupons alimentaires afin de servir le plus grand nombre. Toutefois, sans évolution rapide de l’accès à la ville et du réapprovisionnement du marché, l’effet combiné du blocus et de la période de soudure qui s’annonçait déjà très précoce cette année aura des effets dévastateurs sur une population déjà extrêmement vulnérabilisée par la crise sécuritaire.

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