Par Kevin Goldberg, directeur général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Le monde humanitaire traverse une brèche historique : la fermeture au 1er juillet 2025 de USAID, l’agence américaine pour le développement international, et le changement drastique de politique de la nouvelle administration américaine en matière d’aide étrangère ont entraîné un effondrement des financements. Si la désertion américaine devait perdurer, la revue médicale The Lancet chiffre à 14 millions le nombre de décès additionnels d’ici 2030, dont plus de 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans.
Ce rétropédalage ne se limite pas qu’aux États-Unis : plusieurs bailleurs européens, dont la France, ont amorcé une décroissance significative de leur soutien budgétaire aux pays et contextes les plus fragiles. À fin août, seuls 19 % des plans de réponse humanitaire étaient financés, contre 30 % un an plus tôt. En conséquence, la « surpriorisation » s’installe : le secteur humanitaire doit aider moins de personnes, alors même que les besoins augmentent. Des crises entières s’effacent des radars : l’Est de la République démocratique du Congo, le Yémen, le Myanmar, Haïti, le Sahel, le Nord du Nigéria… Ces chutes du financement de l’humanitaire adviennent au moment où le droit international humanitaire est plus attaqué que jamais.
Chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, nous affrontons ces réalités avec lucidité. Nous avons dû fermer des projets, réorienter nos activités dans de nombreux pays et enclencher des licenciements. Ces décisions difficiles ont été prises avec exigence sociale et transparence. Pour autant, notre cap ne change pas : sauver des vies, protéger la dignité des personnes, défendre l’accès à l’eau, à l’alimentation et à un habitat. Nous restons pleinement mobilisés, en concentrant nos moyens sur les programmes les plus vitaux, en renforçant nos alliances locales et notre efficacité opérationnelle. Avec la conviction qu’avec vous, donateurs et partenaires, nous restons pleinement capables d’aider plus loin.