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L’eau dans le Sahel : entre conflit, sècheresse et démographie galopante

Publié le mercredi 26 avril 2017

Entre conflits, extrémisme, changements climatiques et pauvreté, les 150 millions de Sahéliens sont confrontés à d’immenses défis sur la question de l’accès à l’eau. À cela s’ajoute l’explosion démographique, puisque la population de la région sera amenée à doubler dans les vingt prochaines années.

Le sahel connait, depuis plusieurs dizaines d’années, des dérèglements chroniques du climat. Les sécheresses et les inondations fréquentes menacent les moyens de subsistance d’une population qui dépend majoritairement de l’agriculture pour survivre. D’autant que l’eau utilisée pour l’agriculture est issue à 98% de la pluie. Avec des chocs climatiques plus fréquents, les ménages vulnérables sont moins en mesure de faire face aux crises et de lutter pour se relever à temps.

L’eau, un enjeu de migration

L’eau se fait de plus en plus rare, dans des pays sahéliens qui souffrent déjà souvent d’un déficit structurel d’infrastructures hydrauliques. Dans certaines régions, ce manque d’accès à l’eau a été aggravé par les conflits ou l’insécurité.

sécheresse sahel

Corvée d’eau au Mali –  ©Tiecoura Ndaou

Au Mali, le conflit de 2012 a entrainé la fuite de tous les services techniques de l’État au Nord, et par conséquent une dégradation flagrante des ouvrages d’accès à l’eau, qui ont été détruits, pillés, ou tout simplement laissés à l’abandon. Certains villages manquent cruellement de cette ressource, pourtant vitale. L’eau devient alors un enjeu de migration ; les populations se déplacent pour aller trouver l’eau là où il y en a, afin de boire, se laver, cultiver ou abreuver leur bétail. Au Cameroun, la partie septentrionale du pays, l’Extrême-Nord, historiquement déficitaire en termes d’accès aux services de base, a vu la situation s’aggraver avec des déplacements de populations massifs engendrés par l’insécurité et la violence. Avec près de 200 000 personnes qui sont déplacées dans cette région en 2016, certains villages d’accueil ont vu leur population augmenter drastiquement, créant ainsi une pression additionnelle sur une ressource en eau déjà rare, et des risques de conflits intercommunautaires.

En 20 ans, la disponibilité en eau a chuté de 40%

L’eau est également un enjeu majeur de la santé. Le manque d’eau et d’installations sanitaires adéquates, ainsi que de mauvaises conditions d’hygiène, exacerbées par des systèmes de santé souvent limités, voire défaillants, sont autant d’obstacles à des soins de santé appropriés, et rendent certaines communautés extrêmement vulnérables aux maladies hydriques et aux épidémies. Le manque d’accès à une eau potable est par ailleurs un facteur aggravant de la malnutrition, véritable fléau sahélien, qui continue d’atteindre des niveaux critiques dans certaines régions. Au Tchad, la malnutrition aiguë sévère dépasse le seuil d’urgence dans la moitié des régions du pays.

Alors que la disponibilité en eau par habitant a diminué de plus de 40% au cours des vingt dernières années dans les pays sahéliens, les efforts conjoints de l’action humanitaire, des acteurs du développement et des gouvernements doivent se poursuivre, afin de permettre à chacun un accès suffisant et pérenne à cette précieuse ressource.

Par Caroline Courtois Responsable des opérations de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL au Sahel

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