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Claus Sorensen, directeur général d’ECHO : « L’eau, une priorité de l’action humanitaire »

Publié le mercredi 4 mars 2015
UNION EUROPÉENNE – Premier bailleur de l’aide humanitaire au monde, la Direction générale à l’aide humanitaire et à la protection civile de la Commission Européenne (ECHO) consacre près de 15 % de son budget d’environ 1 milliard d’euros pour financer des programmes d’accès à l’eau et à l’assainissement.

Dans les crises humanitaires, qu’elle est pour ECHO la place de l’eau potable, de l’assainissement et de l’hygiène pour les populations et pourquoi ?

Près de 300 millions de personnes sont affectés annuellement par des catastrophes (naturelles ou humaines). Elles se retrouvent alors sans accès à l´eau potable et à l’assainissement. Plus de 3000 enfants décèdent chaque jour de maladies diarrhéiques, et des milliers d´autres sont victimes de la malnutrition, aggravée par un manque d´accès en Eau, Hygiène et Assainissement (EHA). Plus de 700 millions de personnes vivent en situation de pénurie chronique d’eau. D’ici 2050, les 3/4 de la population pourraient connaître une situation similaire. Ce stress hydrique exacerbe les conflits pour le contrôle des ressources naturelles et aggrave le phénomène de déplacements de populations. En Syrie, les coupures d’eau sont le déclencheur quasi automatique de mouvements de populations. Ce secteur est une priorité de l´action humanitaire qu’ECHO finance à hauteur de 15 % de son budget annuel.

Où en est la Commission Européenne dans les pays en sortie de crise pour accompagner les populations de l’urgence vers la reconstruction puis le développement, notamment en matière d’infrastructures EHA ? Quels sont les objectifs à venir dans ce domaine ?

ECHO, dont l’action est fondée sur l’impartialité et sur la base des seuls besoins vitaux, s’efforce à mieux travailler avec les acteurs du développement. Coordination, cohérence et complémentarité sont promus avec les autres bailleurs afin d’éviter les doubles emplois, d’assurer la durabilité, et de maximiser l’impact des ressources disponibles. Nous collaborons notamment avec les autres services de la Commission, et ceux des Etats Membres, dans le cadre de la mise en oeuvre d´une politique européenne de renforcement de la résilience à faveur des populations affectés par des crises humanitaires. Certains de ces projets débouchent sur la construction et la gestion durable de systèmes d´EHA, mettant en évidence les approches innovantes et le potentiel de reproductibilité de ces systèmes à plus large échelle.

Un objectif « eau et assainissement » est-il une bonne chose dans les prochains Objectifs de Développement Durable des Nations-Unies ? Considérez-vous que les situations d’urgence devraient figurer dans cet agenda ?

Naturellement. Ces deux actions se succèdent et se côtoient. Il serait donc opportun de créer une articulation entre l´action d´urgence (soit humanitaire et protection civile) et celle du déve-loppement durable dans l´après-2015 (et de Sendai). Face à des besoins humanitaires croissants, auxquels les acteurs humanitaires peinent à répondre, il est également indispensable de ren¬forcer l´action du développement dans le secteur de l´EHA. Un objectif spécifique EHA serait souhaitable pour assurer la visibilité que le secteur mérite, et ainsi assurer le financement d´actions concrètes à venir.

BIO CLAUS SORENSEN est DG de la Direction générale à l’aide humanitaire et à la protection civile de la Commission Européenne (ECHO), qui a pour mission de porter assistance et secours d’urgence aux victimes de catastrophes naturelles ou de conflits en dehors de l’Union européenne. Cette aide est directement orientée vers les populations en détresse, sans distinction de race, de religion ou d’opinion politique.