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Changement climatique : "L’augmentation des températures peut déplacer des maladies"

Publié le jeudi 9 avril 2015

Le changement climatique, la pression de l’homme sur la nature en général, a une incidence certaine sur les écosystèmes. Cela engendre également une pression sur les vecteurs de maladies (moustique, faune sauvage…) et sur les maladies notamment les maladies liées à l’eau (Choléra, Ebola, bilharziose…) contre lesquelles Solidarités International lutte à travers le monde. Explications avec le Pr Renaud Piarroux, épidémiologiste et spécialiste du choléra.

L’augmentation des températures ou de l’humidité de certains milieux peut déplacer des maladies ou le vecteur qui transmet ces maladies. En effet, plus il fait chaud, plus le virus ou même le parasite se développe de manière rapide chez le vecteur. Et le vecteur même se développe plus vite. C’est notamment le cas pour l’anophèle, le moustique qui transmet le paludisme. Celui-ci va mettre moins de temps à donner naissance à une nouvelle génération. Donc la transmission est accélérée.

Les années El Niño, il y a plus de choléra

Si cela est vrai pour le moustique, vecteur du paludisme, c’est aussi le cas pour des maladies comme le choléra, maladie contre laquelle luttent les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL au Cameroun, en République Démocratique du Congo ou encore en Haïti. La pluie facilite la transmission du choléra car elle facilite le cycle entre les déjections humaines et la contamination des eaux de surface. L’eau infectée par le virus va s’écouler des latrines qui débordent puis se déverser dans les rivières qui sont une source d’approvisionnement en eau pour les populations les plus vulnérables. Il peut donc y avoir plus de choléra parce qu’il y a plus de pluie. Les années El Niño, il y a plus de choléra.

Le changement climatique va avoir une incidence sur un certain nombre de maladies

Le changement climatique, si on entend par là, plus de pluies dans certains endroits et désertification dans d’autres, va avoir une incidence sur un certain nombre de maladies. Pour autant, ce n’est pas le changement climatique qui fait apparaitre de nouvelles maladies. Le changement climatique amplifie certaines maladies à certains endroits mais les diminue à d’autres. En revanche, la déforestation est  une cause d’apparition de maladie à cause de la mise en contact avec un réservoir avec lequel on n’était pas en contact. C’est le cas du virus Ebola en Afrique de l’Ouest par exemple.

La sensibilisation au lavage des mains pourrait jouer un rôle

Contre le paludisme, les amibes ou les légionnelles, les activités Eau, hygiène et assainissement de Solidarités International ne fonctionnent pas. Pour d’autres maladies, la sensibilisation au lavage des mains pourrait jouer un rôle mais cette seule sensibilisation n’empêche pas des épidémies. Il faut mener, pour être efficace, des actions terrains en parallèle de l’épidémiologie. L’épidémiologie seule ne sert à rien mais les actions terrains sans guidées par l’épidémiologie s’avèrent parfois elles aussi inefficaces.  Les acteurs de terrain comme SOLIDARITÉS INTERNATIONAL doivent se doter des capacités d’analyse de la situation. Et cela passe par l’investigation épidémiologique.