SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, en collaboration avec AgroParisTech, a organisé le 26 janvier, la conférence « Techniques d’Agriculture Urbaine, de Paris à Nairobi ». L’occasion d’échanger autour des différentes techniques de cette agriculture qu’il est crucial de soutenir : en 2050, 2/3 de la population vivra en milieu urbain.
Au Nord comme au Sud, l’agriculture urbaine peut permettre à une population ayant un accès limité aux légumes (pour des raisons économiques et culturelles) de produire eux-mêmes leurs légumes et d’améliorer leur diversité alimentaire. C’est la raison pour laquelle de nombreuses initiatives d’ONG, d’entreprises privées et de chercheurs, naissent au Nord comme au Sud pour promouvoir différentes techniques.
4 intervenants, 4 techniques
Pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, Julie Mayans, référente Sécurité Alimentaire, est revenue sur la technique d’agriculture verticale en sac potager, consistant à planter au-dessus et sur les côtés de sacs recyclés. Pour un sac de 100 kg, 30 à 40 plants peuvent ainsi être cultivés. Cette technique a été testée dans différents pays (Kenya, Thaïlande, Birmanie, Haïti, etc.), dans des bidonvilles ou dans des camps de réfugiés.
Bader Mahaman Dioula, Référent Agriculture Durable d’Action contre la Faim a détaillé les différentes techniques testées par l’ONG (pneux, bidons, etc.) dans son projet « jardins de la santé » en Sierra Leone, à destination des familles ayant des enfants malnutris ou à risque de malnutrition.
AgroParisTech – INRA, qui possède une équipe de recherche Agricultures Urbaines représentée par Christine Aubry lors de la conférence, expérimente différentes techniques sur son toit potager (projet T4P) notamment sur la valorisation des déchets urbains en substrats de production. Ils mènent également le projet AULNA (AULow space No space) à Antananarivo, Madagascar en collaboration avec l’IMV (Institut des métiers de la Ville) et la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA).
Enfin, Antoine Juvin, Responsable technique et scientifique de Cultures en Ville, une entreprise récemment créée, a présenté un panel de solutions techniques proposées par l’entreprise pour cultiver des légumes et des fruits sur les toits et les terrasses parisiens auprès d’un public varié (particuliers, entreprises, etc.). Un démonstrateur de potager urbain a par exemple été mis en place sur les toits du siège de la RATP, avec du maraîchage, de l’aquaponie avec écrevisses, un poulailler et des arbres fruitiers
« Sensibiliser sur l’importance nutritionnelle de manger des légumes »
« Il est important d’accompagner les différentes initiatives d’agriculture urbaine par des campagnes de sensibilisation sur l’importance nutritionnelle de manger des légumes, souligne Julie Mayans. Cependant, de nombreuses craintes se situent autour de la potentielle pollution des produits de l’agriculture urbaine due à l’environnement urbain (pots d’échappement des voitures, etc.). Des études ont déjà montré que dans la plupart des cas, la concentration en métaux lourds dans des légumes cultivés à Paris était en dessous des normes européennes. Dans les pays du Sud, dans les villes avec un réseau d’assainissement défectueux, il y a des risques d’irriguer les plantes avec de l’eau contaminée. La cuisson des légumes est donc indispensable pour détruire les bactéries. Des chercheurs continuent à se pencher sur ces problématiques afin d’étudier les potentiels risques dans ces différents contextes. »
Les 4 conditions du succès de l’agriculture urbaine
En conclusion de cette conférence, il a été soulevé plusieurs points indispensables pour garantir l’efficacité des différentes techniques d’agriculture urbaine résumé ci-dessous :
– Promouvoir la sécurisation foncière et l’accès à l’eau d’irrigation. Donc mise à disposition des terres réservées à l’agriculture urbaine aux personnes intéressées par le biais des plans locaux/communaux d’urbanisme.
– Qualité la qualité sanitaire des produits couplée à la protection de l’environnement et de la santé.
– Garantir des marchés fiables notamment par la mise en place de filières courtes comme les AMAP.
– Mettre en place un cadre institutionnel pour le développement de l’agriculture urbaine.
»Cependant, conclut Julie Mayans, les politiques nationales et locales doivent, elles aussi, promouvoir le développement de l’agriculture urbaine, notamment dans les déserts alimentaires pour amélirer la diversité alimentaire mais aussi dans une logique de création de revenus et de renforcement du lien social.. Elles doivent tenir compte du lien à faire entre agriculture urbaine, péri-urbaine et rurale. »
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