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Rappel à notre devoir d’humanité

Publié le mardi 20 février 2018

Par Alexandre Giraud, Directeur Général de l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

 

Le focus médiatique actuel est une nouvelle occasion pour l’association humanitaire SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, présente depuis près de 40 ans sur les principaux terrains en crise, de réaffirmer sa détermination à prévenir tout acte d’exploitation, de harcèlement ou d’abus sexuels commis par des travailleurs humanitaires.

Des comportements, aussi rares qu’inadmissibles, qui mettent en danger l’intégrité et la dignité de personnes en situation de vulnérabilité, trahissant ainsi la mission des organisations humanitaires : porter secours aux plus faibles et les protéger. 

S’ils sont une réalité, de tels comportements sont à l’opposé de l’impératif humanitaire et des principes qui le font vivre. Précisons ici qu’ils sont, chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, absolument antinomiques avec l’essence même de notre engagement humanitaire et qu’ils sont très précisément une violation manifeste de notre Code de Conduite, dont tous nos humanitaires sont signataires.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL condamne fermement ces actes inacceptables qui mettent en danger l’intégrité et la dignité d’hommes et de femmes en situation de vulnérabilité. Des victimes à qui nous apportons notre soutien. Ajoutons que ces agissements individuels menacent également les actions des organisations humanitaires qui visent à apporter de l’aide aux plus fragiles et qui ne répondent à aucune autre considération que celles des besoins des populations affectées.

 

PRÉVENIR, ALERTER, REPORTER, INVESTIGUER, SANCTIONNER

Dans un contexte international marqué par une restriction croissante de l’accès humanitaire, il est de notre responsabilité de ne pas laisser de tels comportements destructeurs compliquer plus avant notre mission humanitaire auprès des plus vulnérables.

Ce scandale nous rappelle, à nous SOLIDARITÉS INTERNATIONAL mais aussi à toutes les organisations humanitaires, à nos obligations : déployer sur l’ensemble de nos missions tous les outils et les moyens nécessaires pour prévenir, alerter, reporter, investiguer et sanctionner ce type de comportements inacceptables qui nuisent gravement à nos actions, mais surtout aux populations auprès desquelles nous travaillons.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, comme bon nombre d’associations humanitaires, s’est dotée depuis plusieurs années d’un système de prévention et d’alerte. Des sanctions sont systématiquement prises à l’encontre de ces individus lorsque ces faits sont avérés.

Reste que la meilleure solution pour éviter ces incidents inadmissibles est de les prévenir en communiquant à chaque instant, à toutes nos équipes, sur tous nos terrains, les valeurs humanitaires qui nous animent, ainsi que la responsabilité qui incombe à chacun d’entre nous d’être irréprochable et exemplaire dans l’exercice de notre mission.

 

PROTÉGER LES PLUS FRAGILES

En pratique, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a déployé sur tous ses terrains (16 pays, 2000 personnels actuellement) des outils et des supports à pour sensibiliser, informer, former, alerter et par la même protéger les bénéficiaires, les populations, nos travailleurs humanitaires, ainsi que nos partenaires.

Parmi ces outils :

> Le cadre opérationnel de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL définit les principes fondamentaux de l’action de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL incluant les deux piliers « Ne pas nuire » et « Être professionnel ».

La prise de référence est systématisée dans nos procédures de recrutement, en conformité avec les dispositions de la CNIL.

> Le Code d’Ethique et de Comportement (CEC) est obligatoirement signé par tous les membres de Solidarités International qui s’engagent ainsi à respecter des règles de bonne conduite.

> Le cadre de Protection contre l’exploitation et l’abus sexuels est une politique complémentaire de notre CEC, qui stipule notamment que l’exploitation sexuelle commis par des travailleurs humanitaires, constitue une grave faute professionnelle, cause de licenciement.

> Le dispositif d’Alerte professionnelle permet à notre personnel de signaler, en toute confidentialité, toute situation ou comportement particulièrement grave, soit via la voie hiérarchique classique, soit en dehors de ce cadre. C’est alors le Directeur Général qui reçoit & traite ces alertes.

Le mécanisme de plainte pour les bénéficiaires de notre aide : une hotline téléphonique, une adresse mail ou une boîte aux lettres, selon la zone et le pays, sont à disposition du public pour leur permettre de signaler tout abus, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne.

Ces messages sont diffusés : lors de l’embauche de chaque personnel national et international qui doivent en faire une lecture attentive, au cours de formations spécifiques, ainsi que dans nos bases sur nos terrains d’intervention, où sont apposés une série de posters institutionnels qui affichent ces messages auprès de tous nos salariés, volontaires et bénévoles.

De la prévention à la sanction, nous veillerons à ce que nos efforts soient sans cesse renforcés.

 

UN DEVOIR D’HUMANITÉ INCOMBANT A CHACUN DE NOS MEMBRES

Grâce à ce système de prévention et d’alerte, à la sensibilisation et à la formation continues de notre personnel, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a enregistré ces quatre dernières années, auprès de ses 2000 humanitaires déployés sur le terrain, près d’une centaine de dénonciations (97). Une majorité d’entre elles n’ont pas relevé d’un manquement à notre CEC (corruption, abus de pouvoir, abus sexuel, discrimination, notamment). Nous avons cependant traité 18 cas relatifs à du harcèlement, à de l’abus ou à de l’exploitation sexuels.

Sur ces 18 cas, deux se sont révélés être des dénonciations calomnieuses. 11 ont mené, malgré l’absence de preuves formelles, à des fins de contrat immédiates du fait de la forte suspicion de la structure envers ces personnels et de la perte de confiance engendrée à leur endroit. 5 cas ont été reconnus comme des manquements avérés à notre CEC.

Conséquence directe, les personnels concernés ne pourront plus faire plus partie de nos équipes. En cas de prises de référence à leur sujet, nous indiquerions à nos confrères que Solidarités International ne les embauchera plus. Précisons enfin que si des cas avaient relevé du domaine pénal, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL aurait porté plainte auprès des autorités compétentes.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’excuse publiquement auprès de celles et de ceux qui ont été victimes de ces abus, et leur apporte tout son soutien.

En tant qu’association humanitaire portant secours, depuis 1980, à plus de 4 millions de personnes chaque année via une aide digne et vitale apportée en mains propres, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL rappelle que l’essence même de l’action humanitaire est de porter assistance aux plus faibles et de les protéger. Un devoir d’humanité qui incombe à chacun de nos membres, dans son quotidien, son attitude et ses actions, au siège comme sur le terrain. 

A l’heure où les victimes de crises politiques et de catastrophes naturelles n’ont jamais été aussi nombreuses, le rôle des acteurs humanitaires est plus jamais vital. Les actes cités, qui sont le fait d’individus et non d’organisations, ne doivent pas occulter la mission et les valeurs des ONG et des milliers de travailleurs engagés sur le terrain des crises les plus sévères auprès des plus fragiles.

 

 

Photo : Thomas Gruel / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL