Par Jean Launay, Président du Partenariat Français pour l’Eau
“En 2020, environ une personne sur quatre n’avait pas accès à de l’eau potable gérée en toute sécurité à son domicile et près de la moitié de la population mondiale était privée de services d’assainissement gérés en toute sécurité. La pandémie de COVID-19 a souligné le besoin urgent de donner à tout le monde la possibilité de se laver correctement les mains. Au début de la pandémie, trois personnes sur dix dans le monde ne disposaient d’aucune installation à domicile permettant de se laver les mains avec de l’eau et du savon.”
C’est en ces termes alarmants que le Programme commun OMS/UNICEF* résumait les dernières statistiques mondiales en matière de “WASH**” l’an dernier. C’est sous ces auspices, sous celles des annonces faites au Congrès mondial de la nature*** (90 % des zones humides asséchées dans le monde au cours des cent dernières années) et à l’aune du 6e rapport du GIEC**** que le Partenariat Français pour l’Eau (PFE) a abordé ses travaux de 2021 et préparé le 9e Forum mondial de l’eau.
Le Forum de Dakar sera le premier à se dérouler en Afrique subsaharienne. Décalé d’un an à cause de la pandémie de la COVID-19, il aura lieu, qui plus est, pendant la présidence de l’Union africaine du pays hôte : le Sénégal. Très attendu, il est vraisemblable que la communauté internationale de l’eau sera au rendez-vous. Des milliers d’experts, de professionnels et d’élus se déplacent habituellement ; nous espérons que le contexte permettra au maximum d’entre eux de se réunir et de nouer d’indispensables coopérations. Car l’heure est à l’accélération. Le mot n’est pas de moi mais des Nations unies pour accélérer l’atteinte de l’Objectif de développement durable relatif à l’eau et à l’assainissement. Pour aller plus vite, l’ONU nous appelle à : 1. des financements, existants ou nouveaux, optimisés ; 2. de meilleures données ; 3. un renforcement des capacités partout dans le monde ; 4. innover ; 5. une gouvernance intersectorielle, et transfrontalière si c’est approprié, avec des rôles clairs, la participation des parties prenantes et de toutes les institutions impliquées de près ou de loin dans la gestion de l’eau.
Les 200 membres du PFE sont actifs sur tous ces fronts. Leur adhésion au PFE est une des illustrations de leur ambition pour l’agenda de l’eau puisque notre mandat est de le promouvoir à l’international. Pour cela, nous avons investi la préparation du Forum mondial de l’eau avec la même détermination que les autres grands rendez-vous : COP26 sur le climat, COP15 sur la biodiversité, etc. Nous avons organisé des réunions d’information régulièrement pour faciliter la participation des acteurs français et promouvoir leur expertise. L’équipe du PFE a également participé à tous les processus préparatoires et porté les attentes suivantes : le Forum de Dakar doit déboucher sur des messages forts pour l’atteinte opérationnelle des cibles “Eau” de l’Agenda 2030 et, plus globalement, pour l’atteinte des 17 Objectifs de développement durable (ODD). Le but étant de faire des recommandations à la Conférence des Nations unies de 2023 consacrée à l’examen à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie d’action sur le thème “L’eau et le développement durable”. Deux Sommets de chefs d’État sont prévus : un africain, un global. Les deux sommets seront l’opportunité de porter cette ambition et d’assurer les liens avec la conférence de 2023. Ces messages devront être fondés sur un état d’avancement réaliste des 20 cibles de l’Agenda 2030 relatives à l’eau et un engagement politique pour une accélération vers l’atteinte de ces cibles, ainsi que l’ensemble des cibles de l’Agenda 2030, en prenant en compte les territoires soumis à des crises et des fragilités pour ne laisser personne de côté.
Parce qu’il se déroule sur le continent le plus en retard au regard de l’accès à l’eau et à l’assainissement, le Forum de Dakar doit marquer un jalon politique fort. C’est tout l’Agenda 2030 qui doit être promu. Le PFE et ses membres plaideront pour cette urgence, pour le décloisonnement des enjeux de développement durable et pour le rôle de l’ensemble des parties prenantes.
*https://www.who.int/news/item/01-07-2021-billions-of-people-will-lack-access-to-safe-water-sanitation-and-hygiene-in-2030-unless-progress-quadruples-warn-who-unicef
**Water, sanitation and hygiene (WASH). EAH (Eau, assainissement et hygiène) en français
***https://www.iucn.org/fr/a-propos/congres-mondial-de-la-nature
****https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/