Le 28 mai prochain marquera la Journée mondiale consacrée à l’hygiène menstruelle. A cette occasion, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL lance une campagne pour contribuer à briser le tabou autour de la précarité menstruelle et faire en sorte que chaque femme ait accès à des protections hygiéniques. Une journée qui permet également à l’ONG de revenir sur les projets déjà mis en place au niveau national comme international.
« CECI N’EST PAS UNE PROTECTION HYGIÉNIQUE »
L’hygiène menstruelle peut s’avérer être un luxe pour certaines personnes au regard des prix des produits sur le marché. N’ayant pas les moyens de s’offrir des protections menstruelles (tampons et serviettes hygiéniques, éponges absorbantes jetables, culottes menstruelles, etc.), beaucoup de femmes souffrent de précarité menstruelle. Définie par le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP) comme « les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus », la précarité menstruelle inclut aussi le poids financier des antidouleurs ou encore des sous-vêtements de rechange. Le manque d’accès à une hygiène menstruelle peut s’avérer lourd de conséquences et forcer certaines personnes à adopter des méthodes rudimentaires potentiellement dangereuses pour leur santé.
Face à ce constat, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a décidé de prendre la parole et lance une campagne à l’occasion de la Journée Mondiale consacrée à l’hygiène menstruelle. « Ceci n’est pas une protection hygiénique » peut-on voir écrit sur des stickers dispersés dans toute la France dans les couloirs des métros, les restaurants, les bars, les lieux engagés… Gardez vos yeux grands ouverts pour ne pas les manquer !
A travers cette initiative, l’ONG souhaite sensibiliser la population à la précarité menstruelle et à l’importance d’avoir accès à des protections hygiéniques. Pour faire face aux prix parfois exorbitants des produits d’hygiène, certaines personnes sont aujourd’hui obligées de se fabriquer des « couches » en feuilles de papier toilette, souvent peu adaptées au flux sanguin ou encore d’utiliser des torchons ou du sable. Ces pratiques peuvent causer de graves troubles physiques (démangeaisons, infections, syndrome du choc toxique pouvant occasionner la mort) comme psychologiques (perte de confiance, difficultés de réinsertion).
4 MILLIONS DE FEMMES EN FRANCE SOUFFRENT DE PRÉCARITÉ MENSTRUELLE
En France, la précarité menstruelle touche de nombreuses femmes qui sont dans le besoin, notamment les personnes sans-abri, incarcérées ou avec de faibles ressources (salaire bas, chômage, étudiantes, etc.). Cette précarité vient s’ajouter aux difficultés économiques et sociales auxquelles elles sont déjà confrontées chaque jour. Selon le dernier rapport de Règles élémentaires, près de 4 millions de femmes éprouvent des difficultés en France, en 2023, à se fournir en protections périodiques et renoncent à en acheter, donc à vivre dignement leurs règles.
Alarmée par ces chiffres, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a décidé de leur venir en aide à travers un projet mis en place à Toulouse. « Le projet ‘’Précarité Menstruelle’’ a vu le jour en avril 2022. Il vise principalement les femmes en situation de précarité dans les bidonvilles et les squats », explique Emmanuelle Ribolzi, responsable du projet pour l’ONG. Emmanuelle intervient sur plusieurs sites avec le soutien d’une sage-femme qui peut assurer un suivi médical aux femmes qui le souhaitent.
Sur le terrain, les actions se concentrent principalement sur deux volets : la distribution et la sensibilisation. Dans plusieurs sites, des kits composés chacun de serviettes hygiéniques sont distribués auprès des femmes. Ces derniers comprennent, aussi, souvent du savon. Ce soutien est essentiel car il représente une facilité matérielle et un allégement budgétaire pour ces femmes mais cela permet aussi de créer du lien et de favoriser l’échange et la sensibilisation à l’hygiène menstruelle.
« Sur le sujet des règles, les échanges avec les habitants et les habitantes sont souvent très variables. Selon les sites et les familles, les individus sont plus ou moins ouverts à la discussion. Si certains hommes ne sont pas très au point sur le sujet et le fuient, d’autres le trouvent normal et n’hésitent pas à prendre des paquets de serviettes hygiéniques pour leurs femmes. Des discussions, il est même ressorti une certaine « honte » à l’idée d’évoquer le sujet des règles, et encore plus chez les jeunes », explique Emmanuelle. Ce projet permet donc de « démystifier » ce sujet, encore tabou, alors que les règles sont justement un signe de bonne santé.
ET À l’INTERNATIONAL ?
Si les chiffres de la précarité menstruelle sont inquiétants en France, ils le sont tout autant à l’échelle mondiale. Selon des données de 2021, le nombre de personnes menstruées souffrant de précarité menstruelle est estimé à 500 millions.
Face à l’ampleur de la situation, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a lancé plusieurs projets dans différents pays pour palier à la précarité menstruelle. Au Kachin, par exemple, au nord du Myanmar, l’ONG et ses partenaires locaux viennent en aide à la population dont les besoins en eau potable, en services d’assainissement fonctionnels et en formation aux bonnes pratiques d’hygiène sont vitaux.
Dans plusieurs camps de personnes déplacées internes dans la région, des groupes de travail ont été organisés. L’objectif de ces derniers est de permettre aux habitants et aux habitantes de prendre en charge eux-mêmes l’exploitation et la maintenance des infrastructures, la gestion des déchets et la promotion de l’hygiène au sein du camp. Ces mêmes groupes organisent des sessions sur la gestion de l’hygiène menstruelle. A travers ce projet au Kachin, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL procède également à la construction de lieux dédiés à l’hygiène menstruelle et à la distribution de serviettes hygiéniques. En parallèle, à proximité des latrines et des salles de gestion de l’hygiène menstruelle, les équipes sur le terrain installent des lampes solaires pour assurer un accès sécurisé à ces espaces.
« J’aimerais remercier de tout cœur SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour la mise en place d’une salle réservée aux femmes pour la gestion de l’hygiène menstruelle dont je n’aurais même pas osé rêver », raconte Daw Dai Gan, 47 ans, personne déplacée au camp de Nyaung Na Pin à Lwegel depuis 2012.
Ces dispositifs et installations visent à améliorer le confort des femmes pendant leurs règles, à réduire les difficultés qu’elles peuvent rencontrer, lorsqu’elles doivent gérer leurs menstruations dans des endroits surpeuplés, avec des latrines non adaptées. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL cible plus spécifiquement les jeunes femmes, lors des séances de sensibilisation et de promotion de l’hygiène, afin d’améliorer leurs connaissances sur la menstruation.
Aujourd’hui, la précarité menstruelle constitue un enjeu important de santé publique. Il est donc nécessaire de rendre accessible des protections adaptées et sûres ainsi que des installations sanitaires appropriées, pour permettre aux femmes de jouir pleinement de leurs droits à la santé sexuelle et reproductive, à la dignité, à l’eau, à l’assainissement et à l’éducation.