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INTERVIEW – Solidarités International partenaire du festival We Love Green

Publié le jeudi 16 avril 2015

Après Rock dans tous ses états et Rock en Seine en 2014, cette année, Solidarités International s’est également associée au festival WE LOVE GREEN et EcoCup, pour son opération « 1 gobelet rapporté, c’est 24h d’eau potable ». Marie Sabot la directrice du festival s’est prêtée au jeu de l’interview.

Comment est née l’idée de ce festival ?

Marie Sabot : Après plus de dix ans de soirées WELOVE  dans des dizaines d’endroits tellement différents les uns des autres, nous avions envie d’un nouveau défi, d’aller plus loin, de voir plus grand, de toucher des publics plus larges. Pour nous aider à le produire, nous sommes allés proposer ce projet à Emmanuel De Buretel, boss de Because / Corida / Cigale, car il nous semblait vraiment visionnaire, sur son approche du développement de la musique. Voyageant bcp avec ses artistes, il nous a amené une vision définitivement mondiale avec des exemples précis de ce qu’il voyait en place du Japon à la Scandinavie et un réseau d’échanges et de collaborations inespéré. C’est un fait, aujourd’hui, organiser un festival, c’est s’attaquer à des problématiques d’environnement global. Il serait ridicule de fermer les yeux là-dessus. De tels événements ont un impact sur la flore, sur la faune, sur l’eau, sur les ressources. Il faut prendre en compte cette réalité. C’est devenu une évidence quand nous avons commencé à réfléchir pour la Mairie de Paris à un festival qui se déroulerait dans un de leur Parc. Pour préserver le site exceptionnel qui nous serait confié, produire de façon totalement eco-responsable était la seule manière d’avoir une chance de rendre un site correct, et de fait, c’est tout naturellement que l’eco-conception est devenue la Direction Artistique du festival pour faire écho à toutes les démarches mondiales que nous avons croisé dans notre recherche. C’est donc en grande partie sur la base de ce constat que le festival We Love Green est né en 2011.

En quoi WE LOVE GREEN se démarque-t-il des autres festivals de l’été ?

En plus de la programmation musicale, nous avons fait le choix qu’une grande partie de la programmation de We Love Green soit orientée autour de projections de films, d’expositions photographiques, et surtout, de conférences autour du thème qui sous-tend l’existence même de notre festival : la « sustainability ».
Chaque année, nous invitons ainsi des personnalités du monde associatif, de l’univers de l’économie solidaire, des journalistes, des médecins, des réalisateurs, des explorateurs, des militants afin de les aider à ce que leur voix porte, parce qu’elle est très précieuse. D’une certaine façon, nous voulons apporter notre modeste écho pour sensibiliser la jeune génération à ces thèmes ô combien primordiaux pour leur futur,  montrer les solutions existantes à toutes les échelles et leur modernité.

Faire un festival placé sous le signe du développement durable n’est pas une science exacte. Quatre ans après la première édition de We Love Green, et quand bien même nous avons gagné différentes récompenses sur notre approche environnementale, nous continuons à faire de chaque édition un laboratoire. Le territoire que nous explorons aujourd’hui est encore vierge. Nous nous nourrissons beaucoup du travail des uns et des autres, et pas seulement dans le milieu des festivals de musique. Nous regardons en permanence ce qui se fait dans tous les domaines, tous les types d’événements.
De nombreux festivals (Way out west, Bestival, Shambala, Secret Garden, End of The Road) sont pour nous des références et nous inspirent. Nous n’hésitons pas à échanger tout au long de l’année avec eux pour diverses raisons propres à chacun.

Des normes comme l’ISO 20121 qui a été expérimentée lors des Jeux Olympiques de Londres nous servent de point de repère. Cela suppose bien sûr d’analyser chaque action, chaque moindre tentative (combien de litres de fuel, combien de générateurs, combien de groupes électrogènes…) mais c’est seulement de la sorte, en analysant chaque résultat, chaque donnée, que nous pourrons toujours nous améliorer. Cette entreprise est collective. Elle n’est possible que parce que nos prestataires tentent des choses eux aussi, et que l’on échange en permanence avec nos confrères organisateurs.
Nous collaborons à l’échelle européenne avec divers réseaux tels que Green Music Initiative, Go Group, Julie’s Bycicle ou encore EE Music.
Nous partageons à notre tour nos actions auprès d’autres festivals doyens en pleine mutation lors de workshops et conférences partout en Europe.

Quelle est la programmation pour 2015 ?

La musique est au cœur du festival avec pour la première fois, 2 scènes sur lesquelles on retrouve nos émois de cette année et les artistes qui nous captivent. Des artistes inspirés et électrisants qui dessinent les musiques de 2015. Il était aussi indispensable pour nous de réintégrer la musique électronique qui a toujours été au cœur de notre ADN chez We Love Art.
Nous voulions aussi nous ouvrir à une foule plus ample, ne pas se cantonner à de la musique techno ou dancefloor et attirer les familles, les enfants, leur ouvrir de nouvelles perspectives artistiques et musicales. Nous invitons des artistes qui sont en adéquation avec les idées que nous portons en nous. Ils ont généralement les mêmes valeurs, ils savent pourquoi ils viennent jouer à We Love Green et nous soutiennent dans notre entreprise.
Cependant, il y aura également des conférences, des discussions et table ronde autour des sujets et des valeurs que portent le festival, et nous aurons l’honneur d’accueillir Paul Watson, capitaine de navire et fondateur de Sea Shepherd, ONG de protection des océans depuis plus de 30 ans.
Pour la cloture de la scène du Think Tank, deux grands films seront projetés : « Le Sel de la Terre » de Wim Wenders et « Il était une fois une Foret » de Luc Jacquet.
Les 2 réalisateurs seront présents au festival pour parler de leur démarche.

Retrouvez toute la programmation du festival en cliquant sur ce lien

Le festival est « Développement Durable », est-ce pour cela qu’il se déroule dans les « Jardins de Bagatelle » plutôt qu’à la Défense ?

Nous avons au départ regardé et repéré longuement tous les Parcs de Paris avec la Mairie. Nous cherchions un espace de nature sauvage et préservée, et la ville nous a proposé cet incroyable jardin botanique. Nous avons accepté avec honneur ce cadre précieux et délicat, comment refuser une telle proposition ?! Roseraies, forêt de chênes, cascades, grottes, pagodes, étang et paons en liberté constituent un décor romantique et surréaliste idéal.
Peu connu de tous les parisiens et peu utilisé à part pour la promenade, le parc de Bagatelle est le symbole d’une nature préservée dans la ville.  C’était pour nous un challenge de faire découvrir cette merveille cachée.
Le Maire à l’époque à donc eu envie de mettre un coup de projecteur sur le “Joyaux” des Parcs parisiens. Normé ISO 14 001 – une gestion déjà hautement eco-responsable – ce lieu nous impose de fait par sa réglementation, d’être en accord avec nos convictions et d’être un modèle de conception.

Quel message cherche à faire passer le festival auprès de ses participants ?

Nous n’hésitons pas à donner la parole entre deux concerts sur la grande scène à certains de nos intervenants des conférences afin de contribuer à une intention générale pour redéfinir le festival d’aujourd’hui. We Love Green ne se veut pas révolutionnaire, ni même quelque chose que le public serait obligé d’embrasser d’un bloc.  Notre but est avant tout de sensibiliser, d’enthousiasmer, d’émerveiller sur les nouvelles fenêtres qui s’ouvrent, offrir de nouvelles pistes de réflexion, rendre cette approche, cette façon de penser naturelle, immédiate, séduisante, excitante car juste  indispensable dans le monde que nous vivons.

Avez-vous le sentiment qu’ils repartent un peu plus « ecolo responsable » ?

Chacun est libre de venir y prendre ce qu’il veut, de profiter de son temps comme il le souhaite. Une chose est certaine, leur expérience s’enracinera forcément dans le partage d’une manière ou l’autre, que ce soit avec leurs amis, leur famille, les artistes, les intervenants ou les organisateurs. Et c’est là notre plus grande victoire.

Quelles solutions sont mises en place pour l’environnement (toilettes sèches, recyclage, tri des déchets) ?

Nous avons conscience qu’il faut composer avec des contraintes, ré-inventer des modèles économiques, et trouver des partenaires pour rendre notre démarche pérenne. Avant de se lancer, nous avons donc regardé ce qui se faisait de mieux en matière d’usages, aux quatre coins du monde, de la Suède au Japon. Ces études nous ont permis d’entrevoir comment avoir des comportements intelligents en matière de consommation d’eau, d’électricité, comment choisir les bons prestataires techniques (son, lumières, énergie etc), toilettes, transports, alimentaires, boissons, scénographie.
Les enjeux du festival en terme de développement durable sont nombreux et en voici quelques exemples : 100% de l’éclairage de la scène principale est générée grâce à un groupe électrogène Solaire, et 100% du festival est alimenté en énergie renouvelable (solaire, générateurs à biocarburants de récupération). L’intégralité des toilettes seront sèches afin de nous permette de lutter contre le rejet de produits chimiques dans les réseaux d’assainissement mais également de réduire la consommation d’eau.
Une optimisation totale en collaboration avec la Mairie de Paris pour aller vers un objectif zéro déchets et 100% recyclés, et une optimisation de la gestion de l’eau qui sera gratuite, et pour laquelle nous souhaitons supprimer la présence de bouteilles sur place. L’intégralité de la scénographie est recyclée et recyclable et pour ce faire, nous avons lancé un appel à projet avec une charte à respecter bien définie :  utilisation de matériaux recyclés (650 palettes et cagettes sont transformées en signalétique, mobilier, barrières, poubelles…), récupération de matériaux (palettes en bois, tissus, pneus, cagettes, végétaux, fleurs, fruits, pièces diverses) dans des points de collectes identifiés, afin de se fondre dans le magnifique Parc botanique de Bagatelle.
Nous nous attachons également à la qualité et à la provenance des produits alimentaires vendus (locaux / bio  / récolté par des associations de réinsertion) pour laquelle nous avons également lancé un appel à projet afin de sélectionner au mieux les restaurateurs présents sur place et offrir une restauration bio et locale. 100% de la vaisselle est compostable et compostée, et 90% des fournisseurs sont locaux.
Nous n’oublions pas non plus d’optimiser le transport des marchandises (15 golfettes, 5 tracteurs et 0 poids-lourds) et des personnes (co – voiturage / vestiaire à vélo / borne vélib supplémentaires).

Qu’en est-il du gaspillage alimentaire toujours conséquent dans ce type d’évènement ?

Le gaspillage a toujours été une problématique importante sur le festival et sur laquelle nous avons beaucoup travaillé avec par exemple la construction d’un partenariat avec PHENIX qui récupère les aliments des restaurateurs pour les redistribuer à des associations. Cette année nous poussons le projet encore plus loin avec la mise en place d’un restaurant solidaire. L’idée est de fournir 800 repas par jour aux festivaliers sur la base d’un menu conçu uniquement grâce à des aliments déclassés ou invendus des grandes chaines de distribution. Véritable restaurant du festival, les bénéfices seront reversés à des associations avec qui nous travaillons, notamment Emmaüs. L’objectif de ce restaurant est donc triple : revaloriser des aliments, produire pas ou très peu de déchets et être solidaire grâce à la mise ne place d’un produit partage.
Vous pourrez retrouver l’intégralité de notre charte qui sera disponible sur notre site avant le festival.

Cette année, vous vous engagez avec Solidarités International. Pourquoi ce partenariat ?

We Love Green est un festival engagé qui porte différentes valeurs telles que le respect de la nature, l’écologie, la bio diversité, l’économie ou encore le recyclage…
La démarche de Solidarités International en matière de respect, d’économie et d’assainissement de l’eau, s’inscrit dans notre démarche et fait échos aux actions de We Love Green.
Ses multiples actions à travers le monde afin de venir en aide aux populations locales dont la vie est en danger suite à des catastrophes naturelles ou des conflits fait sens au sein de notre charte.
Enfin, mis en place en partenariat avec EcoCup, l’action d’offrir son gobelet comme don à Solidarité International pendant le festival, est une démarche simple qui parlent aux festivaliers et dont nous sommes persuadés qu’elle sera suivi en masse.

Comment l’organisation du festival prévoit-elle de relayer auprès des festivaliers l’opération « 1 gobelet rendu = 24h d »eau potable » ?

Un stand Solidarités International sera implanté au cœur du festival, avec une signalétique visible de loin afin d’interpeller et d’inciter le public à s’y rendre.
En partenariat avec EcoCup, pour chaque gobelet rapporté, un pourcentage du coût du gobelet sera reversé à Solidarités International, et donnera accès à une personne à l’eau potable pendant 24h. Des affiches « Solidarités International »  seront apposées à proximité du stand, ainsi que des affiches de sensibilisation mentionnant  » Un verre écocup rapporté à notre stand, c’est 24h d’eau potable pour une personne. »
Des poubelles de récupération à l’effigie de Solidarités International et EcoCup seront également mises en place afin collecter les gobelets.

Infos partiques :
Le festival We Love Green se déroulera les samedi 30 et dimanche 31 Mai, de 14h30 à minuit le samedi, et de 14h30 à 00h le dimanche.
Comme tous les ans depuis 5 ans, il prendra place en pleine nature  au Parc de Bagatelle à Paris.
Pour vous y rendre, plusieurs moyens s’offrent à vous :
En voiture par la Route de Sèvres au Bois de Boulogne mais attention, il n’y aura pas de parking sur place. Et pour les amoureux d’autolib, plusieurs stations sont installées à proximité (http://www.autolib.eu/stations)
En train Transilien, descendre à la gare Suresnes-Mont Valérien.
En transports en commun :
Bus, n°43 jusqu’à l’arrêt Bagatelle, ou n° 244 jusqu’à Carrefour Longchamp.
RER C jusqu’à la station Porte Maillot puis Bus 244 (arrêt Carrefour de Longchamp).
Métro jusqu’à la Station Pont de Neuilly (Ligne 1) où des navettes gratuites feront des allées retours toutes les 10 minutes, ou pour les courageux, compter 15 min de marche !
Et pour les plus sportifs-écolos qui viendraient à vélo, de nombreuses bornes vélib’ sont implantées tout autour du Parc de Bagatelle, et, grâce à notre partenariat avec Vélib, une grande station supplémentaire sera installée à l’entrée du Parc de Bagatelle afin d’accueillir les festivaliers nombreux !
Enfin, nous renouvelons cette année notre partenariat avec Djump. Moyen de transport partagé sur le modèle du co-voiturage, vous retrouverez à la sortie du festival de nombreuses voitures et chauffeurs prêts à vous ramener à bon port à plusieurs !