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Collaborer avec les acteurs locaux : une relation gagnant-gagnant

Publié le mardi 3 avril 2018

À l’occasion de la quatrième Conférence Nationale Humanitaire le 22 mars 2018, Alexandre Giraud, Directeur Général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, a pesé le pour et le contre de la localisation de l’aide humanitaire.

Une plus-value non négligeable…

‘‘Nous pouvons penser que du positif de la localisation. En allant sur le terrain, nous nous rendons compte que la capacité de réponse des organisations d’aide locales est loin d’être inférieure à celle des acteurs internationaux. De plus, les acteurs locaux ont l’avantage d’être présents avant et après la crise. Ils ont une réelle connaissance des populations et de leurs besoins et disposent de compétences d’accès inégalables.

Notre association a pu être témoin des bénéfices d’un partenariat local à plusieurs reprises. En République démocratique du Congo, nous travaillons sur un programme de réponse rapide aux mouvements de population, et nous avons pu transférer des compétences à un acteur local, en Province Orientale, qui a pu répondre conjointement avec nous lors de la crise au Kasaï.

Dans le cadre de l’aide apportée aux Rohingyas fuyant le Myanmar pour le Bangladesh, nous travaillons avec un partenaire local, qui nous permet d’avoir une capacité de réponse plus importante, et d’être plus réactifs.

Enfin, en Syrie, le domaine principal d’intervention de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est celui de l’eau. Afin de pouvoir proposer des programmes intégrant une réponse liée à l’eau, l’hygiène et l’assainissement et une réponse liée à la santé, nous travaillons avec un acteur syrien de santé, sans qui cela ne serait pas possible. ’’

 

…qui n’est pas sans limite

‘‘En effet, instaurer des relations de partenariat sur nos terrains d’action n’est pas toujours chose facile. D’après nos Directeurs Pays, qui agissent au quotidien sur le terrain, les obstacles à la mise en œuvre de partenariats avec les acteurs locaux peuvent être nombreux.

Tout d’abord, une réponse humanitaire d’urgence nécessite un temps de travail énorme, et ne laisse pas de temps disponible aux équipes internationales pour renforcer les capacités des acteurs locaux.

Il faut ajouter à cela que la durée d’un financement humanitaire est généralement annuelle, et cela ne permet pas de mettre en place des relations de partenariat. Celles-ci se mettent en place sur plusieurs années, permettant d’établir une relation de confiance, ainsi que des transferts de compétences et de connaissances, afin de bâtir un projet commun. Si nous ne pouvons savoir si les financements vont se prolonger au-delà de l’année en cours, mettre en place un partenariat s’avère assez compliqué.

En considérant le cas de la République Centrafricaine, nous avons également l’exemple d’un pays avec lequel des partenariats ont pu être possibles en sortie de crise il y a quelques années, et dont les capacités ont été réduites à néant avec le retour de la crise.

Enfin, la question non négligeable de la neutralité et de l’impartialité des acteurs sur les terrains de guerre civile peut aussi constituer une limite à la localisation.

Nous pouvons donc nous demander si l’acteur humanitaire est vraiment qualifié pour travailler en partenariat, dans un souci d’efficacité, de rapidité et d’indépendance.’’

 

‘‘Il n’y a pas de recette universelle’’

‘‘Un partenariat avec un acteur local est possible ou non en fonction du type de crise, de son intensité, de la maturité de la société civile sur ce terrain en particulier etc.

Dans la localisation, la chose la plus importante à nos yeux est de ne pas procéder à un transfert du risque vers l’acteur local. Un manque d’accès à une zone ne justifie en aucun cas une délégation du risque. Il s’agit cependant de trouver un équilibre permettant d’atteindre une complémentarité entre acteur local et international.

Enfin, en tant qu’acteur international, nous travaillons avec des financements institutionnels, qui sont excessivement compliqués à gérer. Le poids administratif de gestion est de plus en plus important et ce serait très difficile à gérer pour un acteur local. Notre valeur ajoutée se trouverait principalement à deux niveaux : dans le transfert d’expertise sur les questions d’accès aux financements, et au niveau des standards internationaux sur des aspects comme la gestion de camps, la protection ou l’identification des besoins.’’

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