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Lyza Zuwena Radjabu – Responsable d’Activité MSA

Publié le vendredi 4 octobre 2013

Une jeune congolaise réalise son rêve

Lyza n’avait pas confiance en elle. Aujourd’hui, cette jeune congolaise est la première femme au poste de Responsable d’Activité MSA (évaluations multisectorielles) au sein du RRMP (Réponse Rapide aux Mouvements de Population) et dirige une équipes de dix hommes à Goma, en République démocratique du Congo. Une place bien méritée. Elle nous raconte son parcours.

Lyza

« Un parcours de bonne élève »

Depuis toute petite, mes parents m’ont encouragée à poursuivre mes études et j’ai eu toujours eu des bonnes notes. J’ai même obtenu une bourse d’études délivrée par le Président lors de mon obtention du diplôme de fin d’étude secondaire au Lycée ChemChem : 400 USD, ce n’est pas rien ! Après j’ai poursuivi mes études supérieures à l’ISDR/GL (l’Institut Supérieur de Développement Rural des Grands Lacs). C’est là que j’ai obtenu le diplôme de Technicien en Développement Rural en option « Organisations sociales » avant de décrocher mon premier emploi dans une ONG.

Je suis originaire du Rutshuru, une région de l’est de la RDC qui est marquée depuis des années par de multiples guerres. Je voyais toutes ces personnes fuir les combats, partant sans rien, et je me demandais : comment pourrais-je les aider ? Nous n’avons pas la solution pour arrêter la guerre, mais nous pouvons faire quelque chose pour nos confrères. C’est ainsi que j’ai créé, avec des amis, une association de jeunes étudiants luttant contre le VIH (REJEC) en partenariat avec un réseau œuvrant dans ce domaine (RACOJ-Sida) financé par l’Unicef.

Grâce à cela, j’ai plusieurs formations à mon actif et j’ai pu donner des conférences sur le sujet dans des Universités et organiser des collectes de vêtements pour donner aux personnes atteintes de la maladie.

Cela m’a permis de contribuer à mon pays tout en me formant, et déjà je rêvais d’intégrer une grande ONG…mais je ne croyais pas assez en moi car j’étais très jeune et sans expérience professionnelle.

« Un ami m’a encouragé à postuler… cet ami est devenu mon mari !»

Un ami de l’époque croyait beaucoup en moi, et il m’a poussé à postuler à une annonce d’agent promoteur d’hygiène chez IRC (International Rescue Comittee), il m’a même aidé à déposer mon dossier…il a bien fait d’insister, car j’ai passé avec succès les tests écrits et oraux et j’ai intégré le RRM (Rapid Response Mechanism), l’ancêtre du RRMP! (ndlr : le plus gros programme de Solidarités International dans le monde, 11 millions USD financés par l’Unicef pour venir en aide aux populations déplacées)
Pendant quelques mois j’ai donc fait de la promotion à l’hygiène dans les sites spontanés et dans des écoles du Nord Kivu, donné des formations aux comités d’hygiène et crée des brigades scolaires pour l’hygiène.

Puis, j’ai découvert SOLIDARITÉS INTERNATIONAL et la famille RRMP que je n’ai plus jamais quittée ! Sensibilisatrice à l’hygiène, puis référent AME (articles ménagers essentiels) dans l’équipe MSA (« Multi Sectorial Assessment », l’équipe en charge des évaluations multi sectorielles), puis chef de cette équipe, mon ascension a été rapide et ne s’est pas arrêtée là puisque je suis la nouvelle Responsable d’Activité MSA

Le système de recrutement chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est juste

Avant, comme beaucoup, je pensais qu’il fallait être pistonné, connaitre des gens « à l’intérieur » pour rentrer dans les ONG ou gravir les échelons. Mais ici chez SOLIDARITÉ INTERNATIONAL, les tests sont anonymes, cela permet d’écarter tout soupçon de connivence, c’est le système le plus « juste » et je sais que si je suis là où je suis aujourd’hui, c’est que je l’ai mérité.
Je suis la première femme à accéder au poste de Responsable d’Activité MSA et je dirige une équipe de 10 personnes : tous des hommes et tous plus âgés que moi! Un challenge ? Je suis à l’aise avec cette situation, je reste professionnelle et tout se passe très bien au bureau.

Lyza équipe« Sur le terrain, je suis un exemple de réussite »

Et sur le terrain, c’est un atout : à toutes les mamans qui viennent me demander « mais comment est-ce possible, une femme responsable d’équipe ? » je réponds « éduquez vos filles ! ». Si mes parents m’avaient discriminée, si je n’avais pas eu le droit à l’école comme mes frères, je ne serai pas là aujourd’hui.

Je suis un exemple et ça m’aide à faire passer les messages de scolarisation auprès des hommes comme des femmes.

Avant, je faisais beaucoup de missions terrain : se lever à 6h30, se préparer pour le départ vers 7h30, faire la route pour suivre les activités jusqu’à l’heure « sécu » (ndlr: il faut en général être de retour à l’arrière base à 16h). Souvent on n’a pas le temps de manger le midi donc on doit attendre le soir voir ce que la paroisse ou le restaurant ont pu nous préparer à manger.

« Maintenant, j’ai le temps de déjeuner…et de m’occuper de mon mari! »

A mon nouveau poste, j’ai le temps de prendre ma pause déjeuner! Par contre, je dois me lever bien plus tôt pour faire le point avec mes équipes au téléphone avant qu’elles ne prennent la route le matin, et pour avoir un compte-rendu de leurs activités le soir. Au bureau, j’ai pleins de nouvelles responsabilités, comme le suivi administratif du projet, les relectures de rapports, des réunions avec les partenaires…je me donne plus ou moins une année pour bien maitriser ce poste!

République démocratique du Congo

Contexte et action
  • 107 millions d'habitants
  • 179ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 524 327 personnes bénéficiaires