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Intervenir en Syrie : la gestion à distance

Publié le jeudi 25 février 2016

Depuis 2 ans, le personnel international de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ne se rend pas directement en Syrie pour des raisons de sécurité. Des équipes syriennes mettent en place les activités sur le terrain et elles sont soutenues à distance depuis la Turquie par les équipes de coordination. Ghazal Joud est syrienne et facilite l’acceptation de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL sur ce terrain de crise des plus complexes. Rencontre.

Syria Boy in rubble 680

L’intensification des bombardements autour d’Alep et l’avancée progressive des différents acteurs du conflit syrien ont réduit l’accès aux zones d’intervention. Cela a provoqué un grand flux de déplacements internes tout le long de la frontière turco-syrienne. On estime à 75 000 le nombre de personnes qui se sont déplacées en une semaine. La Turquie ayant fermé ses frontières, des milliers de personnes se retrouvent bloquées en Syrie, en attendant de pouvoir passer en Turquie, dans des camps formels et informels, mais aussi dans la rue.

Quelle était ta mission ?

Mon objectif principal est de travailler sur la crise syrienne, d’une part parce que je suis syrienne, que je parle la langue, que je connais bien le contexte, le pays et surtout parce que c’est un sujet qui me touche personnellement, qui me tient à cœur. Je suis partie durant 6 mois en Turquie sur la mission Syrie, en tant que Humanitarian Access Advisor. Quand je suis arrivée sur la mission, nous n’avions qu’une seule zone d’intervention, où l’accès était déjà établi et négocié avec les autorités et les acteurs locaux. Ma mission était donc plus axée sur la gestion de la sécurité des équipes sur le terrain.

Mes tâches principales étaient de faire de la veille, c’est-à-dire de récolter des informations sur les incidents de sécurité, sur l’évolution du contexte et d’en informer le chef de mission et de diffuser l’information au reste de l’équipe. J’ai également mis en place un réseau d’acteurs en lien avec la sécurité : les autres ONG ou les agences onusiennes, pour partager des informations, les recouper et les vérifier, se tenir au courant de l’évolution du contexte.

Quelles sont les activités que mène SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Syrie ?

Nos équipes suivent les mouvements de populations en Syrie. Il y a 3 équipes : une équipe de sécurité alimentaire, qui s’occupe de la clinique vétérinaire mobile et de la campagne de vaccination des animaux, une équipe qui s’occupe de l’enregistrement des bénéficiaires et de la distribution des animaux et des semences et l’équipe de suivi, d’évaluation, de la redevabilité et de l’apprentissage. Ces trois équipes sont très courageuses, puisqu’elles sont très exposées aux risques du pays et se déplacent avec les bénéficiaires.

Depuis le début du siège d’Alep des déplacements importants de populations, notamment vers la frontière turque ont été observés, et les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL vont réorienter certaines activités pour apporter une aide d’urgence aux populations déplacées.

Comment gère-t-on une mission à distance ?

Le personnel international ne peut pas traverser la frontière pour aller en Syrie. L’équipe de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est donc séparée, avec le pôle administratif à Kilis, et à Gaziantep en Turquie, juste de l’autre côté de la frontière, où se trouvent la majorité de l’aide humanitaire internationale, composé de 5 expatriés, 2 Syriens et un Turc et le pôle opérationnel en Syrie, composé de 23 Syriens. Nous effectuons donc la gestion de la sécurité à distance, ce qui rend la tâche plus compliquée que sur place.

Quelles sont les souhaits de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour la mission Syrie ?

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient dans les zones où la population syrienne s’est déplacée. Un travail de négociation des accès est donc mené avec les autorités locales respectives. Si cela aboutit, l’idée est de développer des projets à long terme dans ces zones, car les déplacés internes vont sûrement rester là-bas un long moment. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pourrait travailler dans le camp de déplacés de Roubar, qui accueille aujourd’hui plus de 3000 personnes. Également, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL souhaite travailler avec des partenaires locaux sur le terrain, qui travaillent dans cette zone et qui ont déjà négocié l’accès avec les autorités. Nous pourrions passer à travers un partenariat pour mettre en place une réponse d’urgence.

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