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Myanmar : les tensions au nord Rakhine peuvent impacter nos activités dans le centre du Rakhine

Publié le lundi 14 novembre 2016

Depuis début octobre 2016, des violences ont éclaté dans le nord de l’Etat du Rakhine. Alors que SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient dans trois localités du centre de cet Etat, les conséquences de ce qui se produit au nord peuvent impacter durablement les activités de nos équipes. Alice Vantournhoudt, chargée de reporting pendant un an sur la mission Myanmar, revient sur le contexte actuel tendu.

La peur d’une reprise des conflits communautaires

En octobre, des attaques simultanées se sont produites contre des gardes-frontière, faisant réapparaître le spectre des conflits interreligieux de 2012 entre bouddhistes et musulmans. 80% de la population du nord du Rakhine est d’origine Rohyinga, une ethnie de confession musulmane, dont des membres sont présumés être à l’origine des attaques. Quelques temps après, l’armée birmane sur place a été renforcée et des exactions sont rapportées avoir été commises : exécutions extrajudiciaires, viols, maisons brûlées. L’impossibilité d’accéder aux zones de conflit ne permet pas de vérifier ces allégations et d’apporter une assistance humanitaire aux 10 000 personnes qui auraient fui leurs villages.

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Depuis, la majorité des activités humanitaires dans la zone a été suspendue et les déplacements du personnel humanitaire, déjà limités dans le passé, se sont considérablement réduits Aujourd’hui, les tensions se font aussi sentir dans le centre du Rakhine. « Ces événements ont fortement impacté nos activités. Pendant une semaine nous n’avons pas pu avoir accès aux camps de Pauk Tau et de Sittwe et nous n’avons plus accès depuis plus d’un mois aux localités de Rathedaung dans lesquelles nous travaillons auprès des populations Rohingyas et Rakhine depuis 2013 », déplore Alice Vantournhoudt.

Retrouver des moyens d’existence

« Parqués dans des camps depuis le regain de violence en 2012, les populations Royhingyas du Rakhine, n’ont quasiment aucune liberté de mouvement, ce qui leur cause de grandes difficultés pour trouver des sources de revenus, explique Alice Vantournhoudt. Les Rohyingas souffrent en plus de l’absence de citoyenneté officielle, n’étant en possession que d’une carte précisant leur appartenance ethnique et religieuse », précise-t-elle. Face à cette situation qui plonge des milliers de personnes dans des conditions de vie intolérables, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL propose des projets de sécurité alimentaire et de renforcement des moyens d’existence. Pour les populations ayant des terres, nos équipes distribuent des outils et leur proposent des formations. Dans les camps, nos équipes développent la culture en sac (sacs potagers), ce qui permet aux différentes communautés d’échanger leurs biens et de renforcer leurs liens tout en ayant de quoi couvrir leurs besoins alimentaires et de bénéficier d’un revenu. « Toutes nos activités s’inscrivent dans une démarche de cohésion communautaire », précise Alice Vantournhoudt.

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Un accès à l’eau déplorable

« En ce qui concerne l’accès à l’eau, ce sont dans les deux camps de la localité de Pauk Tau où la situation est la plus critique », constate-t-elle. Ces camps, implantés sur des rizières, sont accessibles uniquement par bateau. Les populations n’ont accès à rien et vivent dans des conditions d’hygiène très difficiles. En période de saison sèche, l’eau est acheminée par bateau ou pompée dans les villages voisins. « Les habitants n’ont en moyenne que 5 litres d’eau par jour et par personne, soit bien en dessous des standards, même ceux qu’on s’autorise en situation d’extrême urgence. » Dans un tel contexte, les campagnes de promotion de l’hygiène sont tout aussi essentielles que l’approvisionnement en eau lui-même. « Une situation qui devait être passagère perdure depuis plusieurs années maintenant. Les gens vivent dans des conditions déplorables.. Ils ne peuvent pas travailler, s’éduquer, se marier et n’ont pas de perspectives d’avenir. Comment feront-ils si l’aide ne leur parvient plus ? » s’interroge Alice Vantournhoudt.

Photos : © Vincent Tremeau / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

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