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Crise syrienne au Liban : le défi de loger les réfugiés

Publié le mardi 3 novembre 2015

REPORTAGE. Près d’1,5 million de Syriens vivent actuellement au Liban, dans des conditions de vie de plus en plus difficiles, alors que l’aide internationale diminue mois après mois. Dans la région du Nord Liban, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, avec le soutien financier d’ECHO, a récemment apporté de l’aide sur un ancien élevage de poulets, devenu depuis deux ans le refuge de 42 adultes et de 72 enfants.

Des conditions de vie déplorables

On entre sur le site Antoine Ndera par une petite route de terre de la municipalité de Zgharta. Le site se constitue de trois plateformes de poulaillers : deux sont habitées, la troisième se trouve sur les toits et sert de séchoir à linge et d’entrepôt de matériel. Le sol est bétonné seulement par endroits, le reste est constitué de terre et de poussière.

L’accès aux habitats des familles se fait par un couloir étroit et sombre bordé de murets prolongés avec les moyens du bord : draps, bâches, carton… Certaines pièces sont fermées par des portes de fortune, les autres sont ouvertes sur le couloir, laissant entrer la pluie, le vent, la poussière et les insectes. Ce matin, la pluie tombe depuis deux jours : le sol et les murs sont humides, et le froid se fait sentir malgré les températures estivales encore élevées du Liban.

« C’est le pire site que nous ayons visité parmi toutes les zones dans lesquelles nous travaillons, » raconte Nour, le responsable d’activités eau, hygiène et assainissement (EHA) pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

Apres de longues négociations avec les propriétaires et la municipalité, nos équipes ont obtenu l’autorisation d’intervenir sur le site pour venir en aide aux habitants et une garantie de stabilisation du loyer pour l’année à venir (entre 100 et 170 dollars par pièce), afin de protéger les familles d’une expulsion potentielle.

En trois semaines, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont réhabilité et construit 17 latrines, réduisant considérablement les cas de défécation à l’air libre et améliorant le niveau de vie sur le site. Trois réservoirs d’eau et 15 éviers ont été installés, permettant ainsi aux familles d’avoir un accès à l’eau en quantité et en qualité suffisantes. L’intimité des hommes, des femmes et des enfants vivant sur le site a été considérablement améliorée grâce à l’installation de 37 fenêtres, 20 portes et 20 cloisons en bois, offrant à chaque famille un espace de vie privé.

Liban Zgharta abri 680 2

Soraya et Safaa : volontaires de l’hygiène

En parallèle de l’intervention EHA, les équipes du programme de mobilisation communautaire ont mis en place deux comités communautaires EHA. Le premier est spécialisé dans la réparation et la gestion des installations et le second est chargé d’informer sur les bonnes pratiques d’hygiène à adopter au sein des familles.

Lors de ma visite, je rencontre Safaa et Soraya, volontaires syriennes au sein du comité d’hygiène, réfugiées dans la région de Zgharta depuis deux ans. Safaa a 4 jeunes enfants et Soraya est veuve, grand-mère de 7 enfants. « Au début, sans latrines, nous ne savions pas où les enfants pouvaient faire leurs besoins. Nous savions que le site avait besoin de beaucoup d’améliorations, » racontent-elles.

enfants réfugiés syriens au liban

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec les nouvelles latrines, les murs et les fenêtres ajoutées aux différentes parties du site, Soraya et Safaa se réjouissent : « Pendant deux ans, nous ne pouvions pas nous doucher : nous devions nous accroupir derrière le mur haut de quatre briques, et nous laver rapidement avec un seau en craignant d’être vues. Nous n’avions aucune intimité. En hiver, nous cousions des bâches et du plastique ramassés dans la rue pour tenter de colmater le mur et se protéger du vent et de la pluie… Avec l’intervention de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, nous avons de l’intimité ; nous pouvons enfin nous laver et dormir la nuit. »

Toutes les femmes du site ont été sensibilisées à donner un bain à leur enfant chaque soir. « Les enfants étaient constamment malades, marchaient pieds nus et souffraient de diarrhées, » explique Safaa. « Nous avons découvert que le comité pouvait nous aider à résoudre le problème à la racine. »

« Je suis contente et très fière de participer au comité malgré mon âge avancé, » se réjouit Soraya. « Le comité nous a permis d’adopter de meilleures attitudes en termes d’hygiène. Grace à cela, je peux prendre soin de ma famille, soutenir mes filles et soigner mes petits-enfants. »

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Crédit photo: © Pauline Grégoire / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

  • 5,6 millions d'habitants
  • 112ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 122 148 personnes secourues