www.solidarites.org

Un nouvel espoir : de l’eau potable pour chacun en 2030

Publié le jeudi 24 mars 2016
En septembre 2015, lors de l’Assemblée Générale des Nations unies, les Etats membres de l’ONU ont adopté officiellement un objectif Eau parmi les 17 priorités de l’humanité pour la période 2015-2030. Un grand espoir étant donné le peu de considération accordé jusqu’alors à l’accès à l’eau et à l’assainissement. Mais comment relever ce défi en 15 ans alors que, malgré les progrès observés, le nombre de personnes privées d’eau potable n’a pas diminué jusqu’ici ?
 

L’accès à l’eau potable est reconnu comme un droit de l’Homme. Ce droit n’est satisfait que si l’eau est accessible, disponible en quan­tité suffisante, non-contaminée, d’aspect acceptable et d’un coût abordable. De plus, l’accès doit être organisé de façon équi­table et sans discrimination. Ces critères ne sont pas remplis pour près de la moitié de l’humanité1. Près de 2 milliards de per­sonnes, près d’une sur quatre, utilisent de l’eau contaminée par des germes fécaux. Beaucoup d’autres n’ont de l’eau que de façon irrégulière ou de l’eau peu transpa­rente ou trop chère.

Si la faiblesse économique d’un pays est un handicap pour le développement de l’accès à l’eau potable, ce n’est pas l’obs­tacle principal. L’accès à l’eau potable est d’abord une question de priorité politique. En effet, seuls des efforts collectifs peuvent satisfaire les besoins. Les politiques natio­nales d’amélioration de l’accès à l’eau potable sont très actives partout dans le monde. De 2000 à 2015, il y avait même un objectif mondial, celui de réduire de moi­tié la proportion de la population utilisant des sources d’eau également utilisées par des animaux. Les progrès ont été considé­rables. Il ne reste plus que 660 millions de personnes dans cette situation. Sur les 15 premières années du XXIe siècle, 1,6 mil­liard de personnes, soit plus d’une sur cinq, ont vu leur accès à l’eau s’améliorer et 1,2 milliard ont été raccordées aux réseaux d’eau potable.

 

‘‘ Le nombre d’habitants de la planète qui ne bénéficie pas d’eau courante au robinet n’a pas diminué ’’

Ces chiffres sont énormes. Pourtant, ces progrès remarquables ne sont pas suffi­sants. En effet, la population mondiale s’est accrue dans le même temps de 1,2 milliard d’individus. Le nombre d’habitants de la planète qui ne bénéficie pas d’eau courante au robinet n’a donc pas diminué. C’est en milieu rural que les besoins actuels sont les plus élevés mais, grâce aux efforts qui y sont consentis, l’accès s’y améliore rapidement. En milieu urbain, les besoins semblent numériquement moins impor­tants mais, hélas, l’accès à l’eau potable s’y détériore. Aujourd’hui, le nombre de cita­dins sans accès satisfaisant à l’eau potable est plus élevé qu’il y a 10 ans. Une forte accélération des politiques publiques est nécessaire pour renverser cette inquié­tante dynamique.

eau

‘‘ Avec les ODD, les grands enjeux de l’eau viennent de passer de l’ombre à la lumière ’’

Les Objectifs mondiaux de Développement Durable (ODD) qui viennent d’être adoptés à l’unanimité par tous les Etats-membres de l’ONU apportent un grand espoir. Alors que l’Eau était un sujet peu considéré par la com­munauté internationale, les grands enjeux de l’eau viennent de passer de l’ombre à la lumière : ils sont devenus officiellement l’une des dix-sept grandes priorités de l’humanité.

Pour l’accès à l’eau potable, le nouvelle cible mondiale est beaucoup plus ambi­tieuse que la précédente et correspond bien mieux à l’ampleur des besoins. En effet, l’indicateur de progrès qui va être utilisé combine pour la première fois plu­sieurs critères de satisfaction du droit de l’Homme: il vise dès 2030 l’accès universel à de l’eau non contaminée et disponible presque tous les jours à proximité immé­diate du domicile (‘‘ safely-managed water services ’’ en anglais). De ce fait, le nouvel objectif mondial peut conduire à changer la vie de plus de 2 milliards de personnes, peut-être même 3.

L’existence d’objectifs mondiaux n’est pas en soi une garantie d’accélération des politiques nationales. Mais le suivi en toute transparence du nouvel indicateur par l’ONU va peser sur les gouvernements qui ne vont pas pouvoir éviter de prendre en considération les progrès ou les retards constatés publiquement dans leur pays.

 

‘‘ 15 ans pour atteindre l’accès universel à de l’eau véritablement potable, c’est peu. Il vaut mieux démarrer vite ’’

La bonne mise en oeuvre de ces objectifs passe par plusieurs étapes. D’abord, chaque pays a besoin de revisiter toutes ses poli­tiques nationales et locales relatives à l’eau potable pour identifier leurs insuffisances éventuelles d’objectifs et/ou de vitesse par rapport à l’objectif mondial. Ce travail de mise à plat se fera d’autant mieux que les différents acteurs du secteur y seront asso­ciés et que l’opinion publique comprendra le nouvel objectif et soutiendra le besoin d’ac­célérer de nombreuses politiques publiques.

Ensuite, chaque autorité publique res­ponsable de l’accès à l’eau dans un territoire devra établir un plan d’action définissant des moyens (juridiques, institutionnels, hu­mains, techniques et financiers) permettant de réussir à atteindre les objectifs dans les délais visés. Cela peut amener à modifier la répartition traditionnelle des coûts entre contribuables, utilisateurs bénéficiaires du service public et exclus du service public. Si­multanément, les outils de suivi statistique devront être modifiés pour tenir compte de la définition du nouvel indicateur. Enfin, la mobilisation de ces moyens produira les progrès attendus et il conviendra de les mesurer régulièrement pour identifier le besoin éventuel d’actions correctrices.

15 ans pour atteindre l’accès universel à de l’eau véritablement potable, c’est peu. Il vaut mieux démarrer vite. Ainsi, dans chaque pays, il est urgent que des membres actifs de la société civile comprennent l’en­jeu et poussent le gouvernement à agir sur ces 4 éléments indispensables : adaptation des politiques, mise en place de moyens appropriés, ajustement des mécanismes statistiques et suivi régulier des progrès. Plus les médias relaieront cette attente, mieux ce sera. Mais ils n’ont pas encore commencé !

Les ODD apportent un grand espoir à tous ceux qui ont besoin d’eau potable et qui attendent que les pouvoirs publics leur permettent d’y accéder. Si les gouverne­ments agissent conformément à leurs enga­gements internationaux, ces besoins pour­ront enfin être satisfaits de façon réelle et durable dans une quinzaine d’années.

1.De l’Eau pour tous ! Abandonner les idées reçues, affronter les réalités, Armand Colin, 2013.

 Soutenez notre action

JE FAIS UN DON